Ce texte est un texte fondamental du chiisme imamite ou duodécimain. Cette controverse politico-religieuse par un théologien-juriste du Bagdad du XIe siècle raconte la fameuse bataille du chameau (= al-Jamal) et pose la question de la légitimité en Islam.
" Le désir de Monsieur Mehdi Rouhani de faire mieux connaître du grand public francophone le chiisme imâmite (ou duodécimain) dont il est, de par son appartenance iranienne et sa formation culturelle, un fidèle très averti, l'a incité à traduire dans notre langue ce texte arabe détaillé dû à l'un des plus illustres représentants de la doctrine dans l'Islam médiéval.[...]
L'auteur, le Cheikh al-Mufîd, fut un Irakien de Bagdad, capitale 'abbâside, en un temps où le califat, résolument sunnite, était sous l'empire, qui a duré du milieu du Xe siècle au milieu du XIe, des Bûyides, émirs imâmites : le Cheikh al-MufÎd Ibn al-Mu'allim y est mort en 1022, après une vie d'enseignement, de propagande et de disputations religieuses, orales et écrites. Les joutes oratoires, courtoises en principe, aigres-douces parfois mais sans violence, n'étaient pas alors étrangères à la pratique des ulémas, soit entre tenants d'écoles ou de sectes différentes, soit même avec les porte-parole d'autres religions.[...]
Théologien-juriste, comme le plus grand nombre des maîtres à penser de l'Islam classique, al-Mufîd l'a été pleinement. Sa production est abondante et variée, toujours dans le sens d'un imâmisme militant. Mais ce militantisme est d'ordinaire mesuré, dans un esprit de polémique persuasive plus que de virulente acrimonie.[...]
De l'extérieur on risque de mal saisir l'importance des discussions, sévères et serrées, qui ont été menées, au long des siècles, autour de la bataille "du chameau, gagnée par 'Alî sur des dissidents de (en 626) dans les parages de Bassora quelques mois après son accession au califat [...]. Ce qui a beaucoup contribué à valoriser le thème, c'est la personnalité du vainqueur, et surtout des insurgés : des Compagnons du Prophète, de la bataille de Talha et d'az-Zubair, et plus encore son épouse préférée 'Aicha fille du premier calife Abû Bakr. [...] Chez les croyants musulmans sont mis presque intemporellement en cause, dans le tréfonds de la conscience, l'élection divine de 'Alî pour les uns, et pour les autres, en contrepartie, la vénération envers la venue du Prophète entraînant les rebelles au combat [...]. Et la traduction de M. Rouhani a le mérite de mettre plus commodément à la disposition d,e nombreux lecteurs un document [...] hautement significatif, sur cette controverse politico-religieuse traditionnelle dans le sein même de l'Islam. "