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Auteur(s)
M. SHAHIDULLAH, M. A. (Cal.)
Titre
Les chants mystiques de Kânha et de Saraha. Les Dohâ-kosa (en apabhramsa avec les versions tibétaines) et les Caryâ (en vieux bengali), avec introduction, vocabulaire et notes, édités et traduits par M. Shahidullah M. A. (Cal.) Docteur de l'Université de Paris Diplômé de l'Institut de Phonétique (Paris) et Maître de Conférences à l'Université de Dacca (Bengale). Textes pour l'étude du bouddhisme tardif. Préface de M. Jules Bloch.

Description

Paris, 1928, in-8° br., XXXVI-286 pages.
Particularité : livre non coupé (info sur la page "fabrication/making").
ISBN : 978-2-7200-0488-9
Dim : 16,50 x 25 x 2,5 cm
Poids : 470 g
Prix : 44 euros

Collection
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Commentaire
Qui ne connaîtrait du Bouddhisme que la légende de son fondateur et l'histoire des débuts de l'église, ou même la dogmatique et la scolastique, se ferait des destinées de cette religion une idée bien incomplète. Les peintures tibétaines expriment une dévotion qui s'adresse peut-être moins aux saints qu'aux magiciens; et ce qui est vrai du Tibet l'a été du Népal et aussi de l'Inde, au moins de l'Inde orientale, qui a fourni au Népal et au Tibet nombre de leurs maîtres les plus célèbres.
A vrai dire, le pouvoir magique n'est qu'une des manifestations de la sainteté, puisqu'il n'est qu'une des conséquence de la maîtrise de soi; car le bouddhisme, comme le yoga, a enseigné des méthodes pratiques pour combattre tout ce qui, dans le corps et dans l'esprit, met la pensée en déséquilibre et la détourne du salut. Et comme l'hindouisme, le bouddhisme a été amené à compter parmi ces méthodes l'union sexuelle; des textes franchement bouddhistes - ceux que M. Shahidullah présente ici - enseignent le culte du sahaja, comme le poète bengali Candidas au XIVe siècle, comme plus tard et jusqu'à nos jours l'abondante littérature vichnouite que M. Manindramohan Bose a analysée dans le Journal of the Dep. of Letters de l'Université de Calcutta de 1927. Cette pratique a naturellement un grand succès auprès des âmes grossières; mais il faut entendre que, pour le véritable initié, dans la plénitude de l'union, la personnalité se perd; la possession sans passion équivaut à la liberté spirituelle, au nirvâna. Kânha et Saraha ajoutent que la possession doit être incomplète…
Mais cette doctrine n'est pas clairement expliquée dans les textes; elle s'exprime dans un "langage crépusculaire" accessible aux seuls initiés: car l'initiation joue un rôle fondamental dans ce culte, et c'est pourquoi on insiste tant sur le rôle du guru. Les termes employés ont à côté du sens normal une valeur anatomique ou mystique qui seule donne un sens précis au discours.
Là n'est pas la seule difficulté que devait rencontrer l'éditeur de ces textes: ils ne sont pas écrits en sanskrit, et la tradition manuscrite les a mal conservés. M. Haraprasâd Sâstrî, qui les a découverts et publiés pour la première fois, n'avait pas pu en pousser à fond la critique; Bendall, qui en avait publié quelques strophes isolées, n'avait pas réussi à en reconstituer le texte avec une sécurité complète… M. Shahidullah ne s'est pas tenu quitte de son devoir d'éditeur tant que le texte qu'il reconstituait ne se scandait pas suivant les rythmes autorisés en moyen indien; de plus, il s'est courageusement mis à l'étude du tibétain, à seule fin de rechercher dans le Tandjour les versions de Kânha et de Saraha. Le lecteur vérifiera à chaque strophe le progrès que l'édition doit à cette double méthode…
C'est pour éclairer l'histoire ou la préhistoire de sa langue maternelle que M. Shahidullah s'est fait tibétisant, bouddhisant, et en quelque mesure, historien.
Il résulte de ses recherches que deux maîtres, l'un, vivant dans la première moitié du viiie siècle, l'autre vers l'an mille, ont écrit en deux langues différentes, le bengali et l'apabhramsa. Si la première date que propose M. Shahidullah est exacte, le bengali devient de toutes les langues modernes de l'Inde la plus anciennement attestée…
Pour revenir à l'apabhramsa de Kânha et de Saraha, M. Shahidullah conclut sagement en l'appelant tout simplement bouddhique; aux bouddhisants de décider s'il y a un lien entre ces textes et les livres de la secte sammitîya, qui étaient selon Târanâtha écrits en l'apabhramsa.
On voit qu'il valait la peine de reprendre l'édition de ces textes, même après une première publication. Non seulement la philologie, mais l'histoire de la langue et de la littérature d'une grande nation indienne, et l'histoire d'une grande religion y étaient intéressées.

Sommaire

Transcription - Abréviations - Préface

Partie I. Introduction : Avant-propos — Les idées religieuses des Dohâkosa — Les auteurs des Dohâkosa — Phonologie et Grammaire des Dohâkosa — La prosodie et la métrique des Dohâkosa

Partie II : Le Dohâkosa de Kânha : Texte avec version tibétaine - Traduction. - Notes. - Appendice I : Vocabulaire apabhramsa-sanskrit-tibétain - Notes philologiques - Appendice 2. Les Caryâ de Kânha : Texte - Traduction. — Le Dohâkosa de Saraha : Texte avec version tibétaine - Traduction. - Notes - Appendice III : Vocabulaire apabhramsa-sanskrit-tibétain - Notes philologiques - Appendice IV. Les Carya de Saraha : Texte - Traduction.

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